Si vous ne connaissez pas LE TRUC pour les devoirs à la maison allez voir l’article « LE TRUC pour les devoirs maison ».
En seconde, j’ai fait trois devoirs à la maison par trimestre en utilisant LE TRUC. La moyenne de la classe est de 13 sur 20. Les notes vont de 0 à 20. Je pense que c’est un outil d’évaluation et d’apprentissage très performant.
1) Le travail : il est valorisé profondément et il sanctionne douloureusement les flemmards qui ne peuvent pas se cacher derrière le « je n’ai rien compris donc je ne fais rien » ou « ce que le prof fait c’est trop dur, il nous prend pour des génies » ou « regarde je suis à peine 1 point en dessous de la moyenne »
Ce fut aussi un outil argumentatif, devant les parents, absolument imparable pour leur prouver que leur enfant ne travaillait pas...
Une collègue qui les avait en parallèle en accompagnement personnalisé m’a fait remonter quelques remarques d’élèves qui avouèrent que cela les obligeaient réellement à se mettre au travail.
2) Les capacités : les difficultés ou les facilités mathématico-logiques sont mises en évidence chez les élèves qui font correctement le travail. Je pensais que l’angoisse du devoir sur table n’apparaîtrait pas lors de ce type d’évaluation. Je l’ai pourtant constater sur une élève qui avait de grosses difficultés quant à l’utilisation du français.
3) Les méthodes de travail : on met en évidence les façons de travailler des élèves en difficultés. Souvent ils ont un problème de recul, ils ne s’approprient pas les questionnements des exercices. Au début je pensais qu’ils se faisaient trop aider. Je cherche encore à analyser certains élèves mais il est possible que cela peut être aussi le contraire, ils ne se font pas assez aider. Certains ne vont surtout pas chercher d’aide. Parmi ceux là certains essayeront d’apprendre par cœur l’idée d’un camarade.
4) Les compétences : j’ai poussé la difficulté des devoirs assez loin, pourtant les résultats restent bon. Il y a des réflexions profondes et originales qui apparaissent et même des idées auxquelles je ne pense pas. Cependant l’objectif de travail sur la qualité de la rédaction est partiellement perdue. C’est le reproche principal que me fait l’inspection sur cette méthode. Il faut les encourager à faire une rédaction correcte à la maison. Certains compense ce probléme en me montrant leur rédaction à la maison avant la rédaction sur table. Je pense que l’on peut aussi compenser cela en donnant plus de temps. Au dernier devoir je leur ai laissé presque 1 heure. J’ai ramassé les copies au fur et à mesure de la finition, cela a duré finalement seulement 20 mn.
5) Le questionnement : Au début ce type d’évaluation les a tellement surpris qu’ils ne posaient pas de questions. Je pense que pour certains c’est même une réflexion et un travail très difficile qu’ils n’avait jamais abordés. L’année prochaine, je donnerai un devoir très difficile dès le début et je les encouragerai beaucoup plus au questionnement.
Pour les pousser au questionnement je leur ai même autorisé à poser la question ultime « Comment fait on ? ». Quand on leur dit cela, certains ont l’impression d’obtenir le Graal. Ils s’aperçoivent très vite, d'après ma réponse que cela ne les dérogera pas au travail. Je ne rédige rien au tableau. Je refuse parfois de répondre à la question. Je réponds aussi en les mettant sur des pistes et non précisément.
6) Une brebis galeuse a pourtant contourné le système . Mes élèves ont le droit à un joker sur le trimestre. Comme cet élève était plutôt bon en devoir sur table classique, il ne travaillait pas les devoirs à la maison. Et comme mes élèves ont le droit à un joker, ce fut systématiquement sa note de devoir à la maison qui a été supprimée. Je fus donc obligé d’instaurer une nouvelle règle pour le troisième trimestre : « La note de devoir maison ne peut pas être un joker ». On s’aperçoit que ce système de devoir maison ne motive pas forcément les bons élèves qui ne travaillent pas régulièrement. Le joker leur permettait d’échapper à cet exercice.
Les notes sont bonnes mais pas si excellentes que cela. J’en suis encore très surpris. Il y a beaucoup d ‘élèves qui ne travaillent pas ou très peu. Ils ont tellement peu l’habitude de travailler qu'ils n’ont même pas remarqué que leur flemmardise allait se retrouver démultiplier avec ce système et mise en relief (12 notes en dessous de 8 sur 36) . Les exercices étant plutôt difficiles, l’improvisation est pratiquement impossible et écrase encore plus leur note. A coté de cela, il y a des élèves qui en tire un avantage maximum. Et malheureusement je m’aperçois seulement maintenant après 15 ans d’enseignement qu'il y a quelques élèves vraiment en difficultés avec le travail de recherche. Pour deux élèves, cet exercice a mis en évidence une difficulté logico-mathématique que le travail ne compensait pas. C'est le point le plus délicat à aborder avec la famille.
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