16 septembre 2012
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A première vue le titre est un peu provocateur. Mais rappelez-vous que notre société considérait les mathématiques comme la chasse gardée des hommes. Des relents de misogynie mathématiques perdurent. Il faut chasser impitoyablement ces mauvaises habitudes mais ce n’est pas le plus problématique. Le plus difficile est de faire sortir les filles mauvaises en mathématiques du carcan dans lequel on les a mises.
On peut lire dans un article du Monde (« le désir d’apprendre » Catherine Vincent 01/12/2004) une démonstration de cet état de fait. On montre à des élèves de collège une figure complexe qu’ils doivent reproduire de mémoire. Cependant on présente à un groupe, l’exercice comme de la géométrie et à l’autre comme du dessin. On remarque que les filles du groupe « géométrie » réussissent moins bien que les garçons alors qu’elles sont meilleures dans le groupe « dessin ». Elles ont intégré leurs difficultés en mathématiques comme une chose « normale ».
Quand une mère d’élève vient me voir pour me parler des difficultés de sa fille en maths…Remarquez que je parle de mère et pas du père ! Hé oui ! Quand j’ai une élève mauvaise en maths je vois rarement le père. Je n’ai jamais vu le père d’une élève nulle en maths. Bon revenons à notre mère : quand elle me parle de sa fille, la première chose qu’elle me dit
- Elle est comme moi, je suis nulle en maths.
- Et votre mari
- Ah ! lui ça va, il peut même l’aider
- Et comment cela se passe-t-il ?
- C’est horrible, ils finissent par se crier dessus et elle, elle pleure, ça crie, c’est insupportable.
Voilà, c’est, disons à 90 %, toujours comme ça.
Remarquer la dichotomie: cela commence par du positif : "Il peut même l'aider" et finalement c'est négatif "c'est insuportable".
Dans ce cas, je donne toujours deux conseils que vous pouvez voir dans l’article suivant « Le parent mauvais et le parent bon. »
Published by Courtois
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La famille et la maison
28 juin 2012
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Dans la famille, parfois, il y a celui qui est bon en mathématiques et celui qui est mauvais en mathématiques. Chic, c’est pratique, il y en a au moins un qui peut aider son enfant. Malheureusement, cela ne se passe pas aussi bien que cela. A chaque fois, que le parent doué en mathématiques aide son enfant cela peut tourner au drame. Il ne comprend pas que son enfant ne comprenne pas l’évidence.
Le premier conseil est assez simple :
Il m’est arrivé « d’interdire » au parent bon en mathématiques d’aider son enfant.
Le parent qui est bon en maths doit faire attention à aider son enfant avec discernement et calme. S’il n’est pas capable d’expliquer ce qu'il croit évident, il vaut mieux s’abstenir. L’évidence n’existe pas. L’énervement ne sert qu'à renforcer les blocages.
C’est une situation classique ; être bon dans une matière ne donne pas les capacités de passer un savoir, or dans le cas d’une relation parent-enfant, l’exigence des parents pourrait ne pas se satisfaire de l’incompréhension ou des difficultés de leurs enfants. Je suis bon nageur et bon skieur ; j’ai essayé de l’apprendre à ma fille ; cela risquait à chaque fois de tourner au drame ; j’ai laissé cet apprentissage à des professionnels.
Le deuxième conseil sera peut être plus difficile à appliquer :
Le parent mauvais en maths peut aider son enfant en apprenant avec l’enfant.
Bien sûr, il faut une bonne dose de remise en cause pour le parent. Il faut qu’il se débarrasse de son refus de comprendre les mathématiques, pour pouvoir aider son enfant sinon cela ne marche pas. Il doit vraiment essayer de comprendre avec l’enfant. Il n’y a pas d’impossibilité. La maturité permet d’aborder les connaissances avec moins d’angoisse pour l’adulte. Il n’a pas d’enjeu. Et quelle fierté pour l’enfant quand il peut expliquer des choses à sa mère ou à son père.
J’ai eu cette idée un jour où j’étais étudiant en mathématiques spéciales. Je calais depuis des heures sur un problème difficile. Au moment où j’allais abandonner, ma belle-mère m’a demandé si elle pouvait m’aider. J’étais très surpris car elle criait haut et fort qu’elle était nulle en maths. Et puis l’idée a fait son chemin dans ma tête. Je n’arrive pas à résoudre le problème parce que je ne le comprends pas et je ne le comprends parce que je ne le formule pas. Si j’essaye de formuler une idée très abstraite à une personne qui n’est pas de mon niveau peut être que je débloquerais quelque chose. J’ai donc essayé de lui faire comprendre une partie de la théorie du calcul différentiel de mathématiques spéciales. Et cela a marché. En essayant de faire comprendre quelque chose de fondamentalement difficile à quelqu'un d’ignorant sur le sujet, je comprenais mon incompréhension et je pouvais trouver la solution de mon problème. Pour la petite histoire, elle croyait que je butais sur un devoir d’anglais…
On retrouve cette idée dans la méthode Suzuki (http://www.suzuki-musiqueparis.org/La%20methode%20Suzuki.htm) pour apprendre un instrument de musique.
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La famille et la maison
15 juin 2012
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Tout le monde connaît la maison d'une famille de littéraire. Vous rentrez et que voyez vous ? Des étagères couvrant les murs remplies de livres...Ils n'ont pas besoin de peinture ni de papiers peints. Mais alors à quoi ressemble la maison d'une famille de matheux. Vous rentrez et que voyez vous ? Des étagères couvrant les murs remplies de...jeux de société. Je connais une famille; la mère est professeur de mathématiques, l'aîné est normalien, chercheur en mathématiques, le cadet fait des études d'ingénieur et la dernière connaît ses tables de multiplication depuis l'âge de 5 ans. Qu'est ce qui fait la différence ? la passion du jeu. Ils ne remplissent pas vraiment les murs de jeux de société mais il y a un mur avec une étagère énoooorme remplie de jeux. évidemment les autres murs sont couverts de livres...Tient ? Qui disait que les matheux ne lisaient pas ? Donc d'abord pour faire et aimer les maths, il faut jouer. Voici donc une autre confirmation de mon article sur L’abstraction et le jeu .
Published by Courtois
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La famille et la maison
5 décembre 2011
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Les mathématiques sont assimilées à l’abstraction. Les deux concepts sont tellement imbriqués dans nos esprits qu’elles se confondent pour nombre de gens. Qui n’a pas entendu dire, je suis nul en maths, l’abstrait je n’y comprends rien.
Cependant c’est une erreur malheureuse pour nombre d’enfants qui entendent ce discours car elle assimile les mathématiques à des objets éthérés qui ne se retrouvent pas dans la réalité. Pourtant les chiffres et les figures géométriques se retrouvent à chaque coin de rues de sa vie.
Enseigner l’abstraction, est ce possible ? Je n’y crois pas trop ou alors sûrement pas de façon académique. Une fois j’ai répondu à un parent, qui me demandait comment apprendre l’abstraction à sa fille : « jouez ! ! !. »
Jouez aux échecs, à l’Othello, à l’awele pour construire le raisonnement inductif
Jouez au monopoly ou à « la bonne paye » pour apprendre les additions et les soustractions.
Jouez aux Légo pour la géométrie dans l’espace ou faites des promenades en lisant une carte.
Jouez au twister pour la latéralisation.
Jouez, Jouez, Jouez… ! Et plus votre enfant jouera et plus il construira de la pensée abstraite.
Apprenez-lui le Solitaire, des patiences, le Sudoku et tout un tas de jeux pour qu’il puisse jouer seul.
Jouez aux cartes pour les probabilités
Jouez au Go pour l’approche intuitive ou la stratégie ou la tactique.
Jouez, Jouez, Jouez… !
Un conseil qui fera hurler les parents :
Vous sentez qu’il maîtrise mal l’espace, achetez-lui une console vidéo et mettez le devant un Doom Like, vous verrez qu’au bout de quelque temps il vous donnera des leçons de GPS. Mes élèves actuels arrivent à résoudre des problèmes de géométrie dans l’espace que des élèves d’il y a 10 ans maîtrisaient à peine. Grâce à qui : aux jeux vidéos. Mais bien sûr, il ne faut pas en abuser.
Published by Courtois
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La famille et la maison
20 décembre 2010
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Je vais tenter de retranscrire un dialogue que j’ai eu avec un parent dont le fils est dans l’école de ma fille. Sa fille est au collége.
- Ah ! Tu es prof de maths, est ce que tu fais du soutien. Ma fille a besoin de soutien en mathématiques.
- Non, je ne fais pas de soutien ! Mais pourquoi a t-elle besoin de soutien ?
- Elle n’est pas très bonne en maths.
- Ah bon ! Je la croyais sérieuse à l’école.
- Oui elle est sérieuse mais je trouve qu’elle n’est pas très bonne.
- Elle s’entend mal avec son prof de maths.
- Non, non, tout va bien. Il est d’ailleurs super, je ne pensais pas en voir des comme ça dans les écoles françaises.
- Elle a quelles notes ?
- 13, 14 de moyenne.
- Hein ! Pourquoi veux-tu qu’elle ait du soutien ?
- Je ne la trouve pas bonne.
- Je ne comprends pas, tu penses que le prof la surnote ?
- Non !
- Alors je comprends de moins en moins.
- J’ai l’impression qu’elle n’est pas bonne dans l’abstraction.
- . . .
Vous dire pourquoi, il pensait cela, je ne saurais pas le dire. Car j’avais surtout compris qu’il était très inquiet du niveau de sa fille et mon reflexe a été de lui dire :
" Laisse ta fille tranquille, tu risque de l’inquiéter plutot que de l’aider ! ".
Il me raconte ensuite une anecdote qui lui est arrivé chez un libraire. Il demande au libraire ce que sa fille pourrait lire d’un peu plus sophistiqué que ses lectures habituelles. Le libraire s’emporte en lui disant de laisser sa fille tranquille. Elle lit ; c’est déjà plus qu’il ne pourrait en avoir avec d’autres enfants.
Published by Courtois jerome
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La famille et la maison